Les étiquettes créatives des vins italiens
Entre le culte français et allemand des savoir faire ancestraux et le marketing
déraciné des cépages mondialisés, certains graphistes italiens ont
trouvé un compromis visuellement équilibré et tentateur.
Dans le
Haut Adige, au nord est de la péninsule, les racines territoriales du
pinot gris sont résumées par des représentations naïves des vignobles
alpins. Pas si naïves que cela, en fait. Car si le Livio Felluga
vise l'exportation, les étiquettes qui ornent ses bouteilles
racontent au reste du monde la diversité de ses terroirs.
Le
Bollini, quant à lui, convoque l'ancienneté et la rigueur avec un
superbe dessin de sarment. Ce pourrait être une eau forte de Dürer ou
une création contemporaine. Ce pourrait être un arbre plutôt qu'un pied
de vigne. Peu importe, les notions de vigueur et de tenacité sont bien
présentes dans ces traits noueux et expansifs.
La
plus étonnante des
étiquettes est celle du Kris de Franz Haas qui réussit à assembler
harmonieusement une empreinte de main comparable à celles que l'on
trouve sur les parois des cavernes préhistoriques, une typographie très
moderne inspirée des hiéroglyphes egyptiens, la schématisation
quasiment informatique d'une grappe avec des grains de raisin qui
forment une sorte de réseau et le symbole carminé du baiser féminin. La
tache orange,à gauche, évoque peut-être un sceau. L'étiquette fonctionne comme un
rébus où seraient convoqués l'ancienneté, le travail, le plaisir de
boire et certains de ses effets grisants.
L'image libérée des
conventions permet de résoudre le dilemme des marques tiraillées entre
les valeurs de l'enracinement local et les tentations de l'économie
globale.
Source: New York Times en ligne.
Photos Juliet Gorman