Grâce notamment aux recherches du Massachusetts Institute of Technology la visualisation des phénomènes complexes est beaucoup plus avancée et exploitée dans les médias électroniques américains et britanniques que sur les sites web, essentiellement textuels, des organes de presse français.
L'incontournable blog spécialisé Infosthetics en administre la preuve à propos de la crise financière, exemple-type du phénomène complexe.
(cliquez sur les images pour les agrandir)
La BBC a certainement produit le diagramme le plus simple et le plus efficace pour expliquer en quoi le fonctionnement du marché des subprimes constituait une dérive au regard des pratiques normales de la spéculation financière.
C'est également le site de la BBC qui a eu la bonne idée d'exploiter les technologies de géolocalisation pour montrer dans la ville de Portland (Oregon) les ravages des prêts immobiliers hypothécaires accordés aux ménages insolvables. La carte indique par intensités de couleurs croissantes l'insolvabilité des familles dépossédées de leurs maisons et ruinées.
Cependant, en termes de quantité, de qualité et de créativité, le New York Times et ses blogs de journalistes s'imposent comme les meilleures sources éditoriales de graphismes de données.
Il y a d'abord le spectacle des pertes enregistrées par les principales banques qui ont trempé dans cette spéculation.
On peut compléter ce panorama par le tableau des banques que paralysaient les restrictions de crédits avant le plan Paulson qui mobilise 700 milliards de dollars pour fluidifier les transactions interbancaires. Ce tableau interactif a été proposé par le site Portfolio du groupe Condé Nast; les chiffres apparaissent lorsque le curseur passe sur les différentes surfaces:
Autre graphique animé en quatre séquences thématiques: l'historique des interventions gouvernementales et de leurs effets par le New York Times.
Ce document peut être complété par une rétrospective des sauvetages publics d'établissements financiers privés depuis 2001. Cette éloquente guirlande a été établie par le site Propublica.
Le code de couleurs précise le secteur d'activité et la taille des cercles indique le montant des sommes dépensées pour chaque sauvetage.
Dans un des épisodes marquants de cette crise financière, celui de Bear Stearn, News Visual exploite les ressources de la cartographie nomment et positionnes les personnalités concernées.
Le graphisme est également interactif. L'utilisateur peut agrandir ou rétrécir l'image, cliquer sur un point nodal pour obtenir des précisions, filtrer la représentation des données, modifier le schéma avec de nouvelles entrées, partager cette visualisation avec d'autres personnes.
Une autre représentation des interdépendances entre banques d'affaires, fonds spéculatifs, banques de dépôts, compagnies d'assurances, fonds de pensions et entreprises de l'économie réelle a été réalisée pour suggérer l'intensité et l'ampleur du "choc" provoqué par la faillite de Lehman Brothers.
Pour saisir la texture du système financier, Smart Money a développé un outil interactif particulièrement sophistiqué. l'internaute se promène dans ce tableau "à la Vasarely" en faisant entrer ses requêtes et en les affinant grâce à l'interface située à droite.
Cette abstraction géométrique peut être "humanisée" et mondialisée grâce à la vision des fonds souverains et de leur rôle dans le système financier, vision proposée par un blog de journaliste du New York Times avec un titre qui n'a rien d'humoristique: "Suivez l'argent".
De l'humour, il y en a dans ce nuages de mots que WordNews développe sur le modèle des mots découpés dans les lettres anonymes. Les tailles relatives de chaque mot indiquent les importances relatives des articles consacrés à chaque sujet.
On appréciera la puissance des statistiques dans les liens invisibles mais prégnants qui relient entre eux les mots "économie", "marchés", "monde" et "récession".
Ici plus qu'ailleurs les mots disent tout puisqu'ils sont utilisés, et perçus, comme les images qui composent la grande fresque de l'actualité financière.
une bonne illustration vaut parfois tous les mots du monde.
merci