Présidentielle 2007 : cartographies remarquables
Enfin, une prouesse française dans la visualisation des
données (1)…
A force d’admirer, depuis près de dix ans, les travaux de Fernanda
Viegas - qui a quitté le Medialab du MIT (= Massachusetts Institute of Technology)
pour entrer au Laboratoire de Communication visuelle d' IBM - le thème du
« retard français » était devenu un leitmotiv navrant.
Pour des
raisons scientifiques, économiques et sécuritaires (2), la cartographie
électronique est en plein essor, sauf (semblait-il jusqu'à maintenant) dans l’Hexagone, invisible
pour cause de recherches avancées insuffisantes depuis les anciennes technologies militaires devenues ARISEM propriété de Thalès et le défunt réseau
Solaris composé d'universitaires.
Et voici que, grâce à une note vue sur le site du PS, surgit une
approche extraordinairement stimulante de l’activité politique dans la
perspective de l’élection présidentielle. Illustration avec une étude comparative des blogosphères
communiste et sarkoziste.
(cliquez sur les images pour les agrandir)
Il faut lire attentivement les conclusions prudentes
et provisoires de Franck Ghitalla; en voici un résumé forcément
réducteur : le territoire électronique de l’UMP ( à droite) est plus visible que celui
du PCF( ci-dessous à gauche) et il peut donc constituer un amplificateur plus puissant ; mais,
paradoxalement, les blogs communistes sont plus ouverts sur l’extérieur que
ceux du parti actuellement au pouvoir, dont les liens se concentrent sur un noyau
central. Usons d’une métaphore : la puissance technologique du réseau
sarkoziste peut très bien produire un « effet larsen » peu
convaincant parce que perçu par les seuls convaincus.
La méthodologie est
détaillée avec humilité et simplicité.
Cette modestie est d’autant plus intéressante qu’elle émane
d’une équipe d’ingénieurs en sciences de l’information issus de l’Université de
Technologie de Compiègne. Ils ont créé
Visités de manière intuitive, les territoires numériques de la politique française se dévoilent à la lumière des liens hypertexte qui, entre les noeuds de portions du Réseau, confèrent au web une étonnante consistance. Les références cosmologiques s’imposent quand apparaît l’image d’un amas globulaire (capture d’écran en haut à gauche) au sein duquel il est possible d’entrer pour observer de plus près la nébuleuse socialiste (ci-contre) avant d’arpenter la constellation des commentateurs (ci-dessous)
Cette représentation rappelle les recherches menées dans les années 80 par l’anthropologue Gilbert Durand qui, avec l’aide des ordinateurs du Centre National d'Etudes Spatiales de Toulouse avait réussi à cartographier l’imaginaire politique des Français à partir de sondages qui recèlent les forces d’attraction des organisations partisanes. On pourrait même évoquer les travaux classiques d’André Siegfried qui attribuait des comportements électoraux spécifiques aux habitants de territoires à dominante de calcaire ou de granit.
Dans l’immédiat et tandis que les chercheurs de RTGI perfectionnent leurs outils, il ne fait aucun doute que l’Observatoire Présidentielle 2007 sera un des lieux les plus intelligents de la campagne électorale.
(1) A lire :"Données à voir, le graphisme d'information sur support numérique", Matt Woolman, éditions Thames & Hudson.
(2) Utilisant un logiciel libre de visualisation, deux
chercheurs américains viennent de cartographier les liens entre certains mots
clefs utilisés sur le web à l’occasion des attaques terroristes survenues entre
le 12 octobre 2000 et le 11 septembre 2001. Les images ont été publiées dans le
New-York Times du 3 décembre (article désormais payant) mais une version
interactive est disponible sur le site de James Nears.