La svatiska de l'US Navy va devenir une croix gommée
Personne, dans les années soixante, ne pouvait envisager que des centaines de milliers de personnes pourraient voir les bâtiments agencés en croix gammée d'une base amphibie de l'US Navy sise en Californie. Personne ne pouvait imaginer l'acuité de Google Earth. Personne ne pouvait faire l'hypothèse que la conception, la réalisation et le maintien de ce monumental symbole nazi seraient dénoncés par des weblogs spécialisés, dénonciation reprise et amplifiée par les médias traditionnels.
La théorie du complot s'est enclenchée dès 2005 dans la blogosphère américaine sur le thème: " Damned ! Des nazis se sont infiltrés dans notre marine nationale".
Récusée par des haussements d'épaules, l'hypothèse et sa réfutation présentent l'inconvénient de masquer le rôle de John Mock, l'architecte qui a conçu ces bâtiments dans les années soixante. Le bonhomme aforcément dessiné les plans des huit hangars. Difficile de croire qu'il n'a pas vu (image optique + image mentale) ce à quoi ses dessins renvoient. Ces images optiques et mentales ont été soumises aux autorités militaires qui ont payé l'architecte en question. Dès lors, deux hypothèses:
1 - Le dessin de la svatiska représente, indépendamment de sa connotation idéologique, un énorme avantage pratique pour la gestion du matériel entreposé. Dans ce cas, le raisonnement a pu être celui-ci: "Tant pis pour la symbolique. Soyons utilitaristes. D' ailleurs, personne ne peut appréhender l'aspect général des bâtiments, ni du sol ni de l'espace aérien puisqu'aucun avion civil n' a le droit de survoler cette base militaire."
2 - L'idée de la croix gammée, proposée sur plan par un possible disciple d'Albert Speer, a amusé un petit cercle de hauts dignitaires de la Navy à une époque où de nombreux anciens nazis, recherchés partout dans le monde, étaient encore protégés par les Etats-Unis pour leurs compétences technologiques et pour cause de guerre froide. Ces quarteron d'initiés en uniformes jubilait secrètement à l'idée qu'ils étaient très peu à savoir que la plus grande démocratie du monde s'était offert une architecture en forme de gros signe nazi.
La Navy va dépenser 600 000 dollars pour recouvrir l'installation avec des capteurs solaires. Ce qui est fascinant, dans cette histoire, c'est - grâce aux actuelles technologies de la communication - le décalage entre la probable intention de l'architecte, la confidentialité du signe à ciel ouvert et l'ampleur de l'impact différé de cette image saugrenue.