Dell, ses batteries, les images et les blogs
Le rappel, par
Elles ont été prises par Gaston, lecteur du site The
Inquirer , qui les a publiées le 21 juin dernier. Gaston assistait à une
conférence à Osaka quand, juste à côté de lui, un ordinateur a explosé et a pris feu. La première image témoigne
de la violence de l’explosion.
.
Elle aurait pu tuer un participant à la conférence, dont le
photographe. On imagine surtout les conséquences d’un tel accident dans un
avion de ligne en cette période de menace terroriste.
Gaston a largement eu le temps d’enregistrer la scène puisque
la combustion, ponctuée d’explosions, a duré plus de cinq minutes. D’où cette deuxième
photo prise vers la fin de l’incendie:
S’ajoutant à la visualisation de la
violence, la notion de durée indique l’extrême gravité du problème. Un
problème qui avait été précédé, le 16 décembre 2005, par le rappel de 22
000 batteries
de portables Dell. En octobre 2004, Dell avait rappelé 900 000
adaptateurs
électriques fournis par le fabricant taïwanais Delta Electronics. Il
avait
fallu quatre mois pour que les utilisateurs reçoivent une proposition
d’échange
alors que sept incidents avaient été recensés.
Dans la situation présente, le rappel de produits le plus
importants de toute l’histoire de l’informatique coûtera au moins 200 millions
de dollars à Dell et à Sony, qui fournit certains composants des batteries
explosives.Il s’agit de la technologie dite « lithium-ion » relativement
récente et qui se répand très rapidement, en particulier sur les lecteurs de
fichiers MP3.
Comparée à l’éloquence des photos prises en juin dernier à
Osaka, la communication de crise n’a pas été très probante. Elle risquerait en
effet de révéler une des failles majeures de la mondialisation libérale: la
concurrence, qui pousse à rechercher les coûts les plus bas, multiplie les
sous-traitants, disperse les processus de fabrication, dilue les responsabilités
des contrôle de sécurité et de qualité. Dans le cas de Dell, c’est la
légitimité de la marque qui est atteinte. Cette légitimité était
fondée sur une relation personnalisée avec les clients invité à construire son outil en ligne. La mondialisation
détruit cette relation dans la mesure où le client invité à assembler son ordinateur
ne sait plus ce que la firme lui fait assembler.
En propageant les images d’Osaka dans le monde entier, les
blogs pourraient bien contribuer à la première destruction en ligne d’une
marque globale.