Dessins et dérives de Sigmund Freud
L’Académie de Médecine de New York abritera à partir du 11
mai une collection de dessins réalisés par Sigmund Freud. Les quelques échantillons visibles dans l’édition électronique du New York Times illustrent les
thèses du « Livre noir de la psychanalyse » qui stigmatise les dérives non
scientifiques des méthodes freudiennes.
Dans la reproduction ci-dessus, Freud détaille les fibres d’une cellule nerveuse observée au microscope. Il est alors dans une démarche de description scrupuleuse de la réalité biologique.
Puis les représentations des sujets d’étude deviennent de plus en plus conceptuelles. Elles tendent vers l’abstraction et le schématisme, avant de basculer dans l'abscons (à gauche). Il ne s’agit plus de montrer la réalité pour en comprendre le fonctionnement mais de projections qui, contrairement aux théories d’Einstein, ne sont toujours pas validées par l’observation à l’aide des instruments actuels.
Les dérives graphiques du freudisme deviennent d'ailleurs pathétiques de grossièreté, confrontées par exemple à la visualisation selon les méthodes les plus récentes d'un cerveau affecté de schizophrénie (à droite). Le verdict est d'autant plus cruel que les dessins de Léonard de Vinci restent, eux, tout à fait respectables, même quand ils sont techniquement erronés comme son intuition de l'avion imitant le vol des oiseaux.
L'image révèle la différence entre Léonard et Sigmund: le
premier se trompe par excès de fidélité à la réalité observable; le
second s'égare parce qu'il préfère régner sur une construction
intellectuelle qui se veut tellement cohérente, par-delà la réalité
observable, qu'elle en devient irréfutable. Ce qui ne supporte pas la
réfutation relève du dogme, système d'affirmations indémontrables qui ne fonctionne que sur la crédulité. D'abord humbles reproductions
de la réalité, les dessins de Freud se transforment en vecteurs et
supports de crédulité.
La facture de ces dessins raconte comment les méthodes freudiennes ont glissé de la rigueur scientifique vers le registre des croyances. Les traits conformes à la réalité observée des années 1882 ont encore un caractère d’honnêteté scientifique. A l’opposé, la "géographie de l’esprit humain", ci-dessous, évoque des signes tracés sur le sol par un sorcier peu inspiré. Très approximative et vaguement symboliste, cette cartographie naïve n’hésite pas à placer le « surmoi » juste au-dessus du « moi ». Comme le Ciel des croyants est au-dessus de la Terre, dans une transposition suspecte car trop analogique.